Les enjeux environnementaux concernent chacun d’entre nous.

En ce début d’année, nous avons interrogé Valérie Schneider, consultante en développement durable et RSE, et elle a partagé avec nous les questions à se poser en R&D et conception électronique, ainsi que les pistes possibles d’amélioration d’impact.

Bonjour Valérie, tout d’abord merci d’avoir accepté de partager votre expertise sur ce sujet d’éco-conception.

En 2020 nous avions partagé ce webinar réalisé par Cadence concernant les effets thermiques de vos PCB pour vous permettre d’agir, dès la conception, sur les impacts énergétiques de vos circuits (à revoir ici).

 

Valérie, selon vous est-ce que cette approche peut être pertinente ?

Oui bien sûr. On estime que 80% de l’impact généré par un produit se détermine dès la R&D et la conception. Pour cette raison les concepteurs peuvent jouer un rôle déterminant pour intégrer les enjeux d’éco-conception le plus tôt possible dans les processus, bien en amont de la réalisation.

Un important levier d’action concerne les matériaux utilisés et leur criticité, qu’il s’agisse de risque d’approvisionnement, d’importance stratégique ou d’impact. A ce sujet le site du service géologique national BRGM (https://www.brgm.fr/fr) a élaboré 30 fiches détaillées de criticité à consulter et télécharger sur cette page.

 

Source : Mineral Info, BRGM, fiches criticité des matériaux

 

A l’étape de conception, ce serait intéressant de savoir si vos outils logiciels intègrent ces notions de criticité dans le choix des composants.
Par exemple, est-il possible de privilégier des matériaux non critiques ou de réduire la quantité de plastique grâce aux logiciels de CAO ?

Réponse des experts Artedas France (merci Luc Serot !) :

Dans le process de conception, le choix des composants se fait lors de la saisie de schémas, avec OrCAD Capture. Il est fréquent que les entreprises utilisent un système d’information interne, du type base de données SQL, Access ou PLM (Product Life Management) connecté aux outils de conception, pour compléter les données qui caractérisent les composants avec des informations sur le prix.

D’autres critères peuvent compléter ces informations, comme la conformité aux exigences de la directive RoHS. Cette directive européenne s’applique depuis 2003 aux fabrications électriques et électroniques, pour limiter l’augmentation des déchets potentiellement dangereux. Elle restreint notamment l'utilisation de dix substances : (plomb, cadmium, mercure, chrome hexavalent, polybromobiphényles (PBB) et polybromodiphényléthers (PBDE), phtalate de bis(2-éthylhexyle) (DEHP), phtalate de butylbenzyle (BBP), phtalate de dibutyle (DBP) et phtalate de diisobutyle (DIBP). En savoir plus sur la directive RoHS.

En éco-conception, un autre levier efficace d’action est celui de la modularité, que l’on peut définir comme la capacité pour un système d'être mis à jour ou réparable, module par module.

Concernant les appareils électroniques, les pouvoirs publics en France ont introduit l’indice de réparabilité dans la loi AGEC en janvier 2021, désormais déployé sur 5 catégories de produits. Cet outil prévu par la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, vise une meilleure information du consommateur sur le caractère plus ou moins réparable de ses achats (Loi AGEC).

Pour prendre l’exemple du désormais bien connu Fairphone, la conception a appliqué ce principe de modularité en permettant (entre autres) la réparation spécifique du module photographique, sans devoir remplacer le téléphone.

 

Source : Longevity - Fairphone modular smartphones

 

Dans le cas des outils logiciels, la modularité peut se présenter sous la forme de “briques” fonctionnelles, suivant les besoins et les projets.

Vos clients doivent-ils acheter un package indissociable, ou peuvent-ils acquérir et installer seulement les outils sous forme de modules, en ajoutant les fonctionnalités au fur et à mesure de leurs besoins ?

Réponse des experts Artedas France :

En effet, les solutions OrCAD Cadence sont modulaires et évolutives car elles partent d’un 1er niveau d’utilisation avec un ensemble “OrCAD PCB Standard” puis un 2ème niveau d’utilisation avec “OrCAD PCB Professional”, l’un et l’autre pouvant être complétés avec des options complémentaires de documentation, simulation ou gestion. Voici le lien pour connaître les différents packages modulaires OrCAD : https://www.artedas.fr/OrCAD/OrCAD.php

Pour des besoins plus complexes la solution “Allegro PCB Designer” propose des fonctionnalités de haut niveau en placement, routage. Pour en savoir plus sur cette solution : https://www.artedas.fr/Allegro/Allegro.php

En réalité, cette offre n’a pas été bâtie pour être modulaire sur le plan numérique, mais avant tout pour offrir une possibilité d’investissement progressif aux clients suivant leur problématique. Si les deux critères se complètent, c’est encore plus pertinent !

Ajoutons que la modularité est complétée par l’éditeur Cadence d’une volonté marquée pour intégrer les technologies de Machine Learning (ML) dans ses solutions de CAO Electronique, ceci dans l’objectif de réduire les itérations et diminuer le nombre de prototypes. En effet les prototypes consomment et “gaspillent” des composants et de la matière, et ils ont un coût pour l’entreprise. En intégrant l’IA c’est un gain de plus en terme d’économie et d’éco-conception.

Pour s’approprier les enjeux liés à l’impact numérique, l’association Européenne AGIT (Alliance Green IT) propose depuis 10 ans un ensemble de ressources et publications sur son site, et un outil d’auto-évaluation de de vos engagements pour un numérique responsable.

Vous pouvez également consulter la plateforme Planet Tech Care portée par Numeum qui propose gratuitement un programme d’accompagnement, avec des évènements, conférences et webinars conçus par des experts du numérique et de l’environnement, au service de la transition écologique.

Valérie, qu’en est-il des labels relatifs au secteur de l’électronique ?

Lorsque les entreprises souhaitent attester de leurs engagements sociétaux et environnementaux, elles peuvent faire appel à des labels RSE, ou plus largement ESG (Environment Social Governance). Ces labels s’appuient sur la norme ISO 26000 et visent à accompagner les organisations dans une démarche de développement durable.

Dans son article publié en 2021 le média Carenews des acteurs de l’engagement propose un décryptage intéressant des différents labels, généralistes ou sectoriels. A lire ici.

Concernant les produits électroniques grand public, le label EPEAT met à la disposition des entreprises un outil d’évaluation environnementale des matériels informatiques – PC, portables, écrans – en fonction de leurs caractéristiques écologiques. Ce label a été créé aux Etats-Unis par le Green Electronic Council (GEC) et je vous invite à consulter le site dédié à ce label ici : https://www.epeat.net/

 

 

Merci beaucoup Valérie pour ce tour d’horizon, c’est très inspirant. Concrètement, nos clients peuvent-ils vous contacter pour en savoir plus ?

 

Bien-sûr. Le plus simple est de me contacter directement via Linkedin et j’y partage régulièrement des invitations à des évènements ou formations qui permettent d’approfondir ces enjeux et d’agir. A très bientôt avec plaisir !

Si vous souhaitez en savoir plus, contactez nos équipes d'experts : contact

Article et interview rédigés avec l’aide de Nadege Bonnisset