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Elles témoignent !

Nous avons proposé à Mme Danielle ANDREU, experte scientifique et directrice des Relations Internationales à l’ENSEEIHT à Toulouse, de partager sa vision sur les enjeux du secteur Électronique en France et en Europe.

2 MAI, 2023

 

“ Le secteur a besoin de spécialistes en électronique, par exemple pour maîtriser les interfaces d’acquisition, les flux de puissance. Ce sont des leviers stratégiques pour innover et agir en faveur d’une consommation plus durable. ”

 

Bonjour Danielle, tout d’abord merci d’avoir accepté de partager ce moment avec nous. Votre parcours scientifique est impressionnant ! Pourriez-vous nous raconter ce qui vous a motivé dans vos études et votre vie professionnelle, à devenir une experte en électronique ?

J’ai fait des études d’ingénieur à l’INSA, j’étais plutôt physicienne, orientée sur la fabrication des semi-conducteurs.

C’est en poursuivant avec un doctorat en Physique de composants de l’électronique de puissance au LAAS du CNRS à Toulouse que je me suis davantage intéressée à la conception électronique. J’y ai notamment découvert la simulation avec l’un des premiers outils, ASTEC, les capacités de la modélisation et cela m’a passionnée !

Ensuite j’ai rejoint l’équipe de l’ENSEEIHT qui venait tout juste de s’équiper de PSpice, et j’ai élaboré les premières formations. Ce fut une vraie chance de connaître et maîtriser le logiciel en profondeur, dans son code, ses algorithmes, avant même qu’il ne remporte le succès qu’il connaît aujourd’hui. J’ai partagé toutes ses évolutions depuis MicroSim, puis OrCAD et Cadence.

En 2000, j’ai pris la responsabilité du département d'électronique à l’école. J’ai pu ainsi voir les besoins des entreprises et les nécessités d’évolution des formations d’Ingénieur. En 2013, j’ai été nommée directrice du Service des Relations Internationales de l’l’INP-ENSEEIHT, en charge du développement de programmes d’échange et de double diplôme avec des Universités étrangères.


Vous intervenez dans des conférences pour partager et transmettre votre expertise ?

En tant qu’enseignante, je suis convaincue de l’importance de supports permettant une pédagogie active. L’enseignement de Pspice, tant pour les étudiants et les professionnels a besoin de ces outils. J’ai développé avec des élèves ingénieurs un didacticiel en français et en anglais, et j’ai présenté mes travaux de recherche au CETSIS : Colloque de l'Enseignement des Technologies et des Sciences de l'Information et des Systèmes.

En tant que directrice des Relations Internationales, je participe régulièrement à des Conférences (Conférence des Directeurs d'Ecoles d'Ingénieurs), à des Forum des Formations et Métiers de l'Ingénieur (FFMI) et autres Congrés.

Je suis également membre du Club EEA (https://clubeea.com/) des Enseignants en Electronique et Automatique, à l’origine du CETSIS.


Selon vous, quels sont les enjeux du secteur électronique aujourd’hui, pour les entreprises, en France et en Europe ?

Nous n’avons pas assez d’ingénieurs formés en conception électronique. C’est un point crucial car le secteur doit maintenir sa compétitivité et développer des technologies de pointe pour faire face aux enjeux environnementaux et énergétiques.

On forme de plus en plus d’ingénieurs en architecture des systèmes, plus généralistes. Or le secteur a besoin de spécialistes en électronique, par exemple pour maîtriser les interfaces d’acquisition, les flux de puissance. Ce sont des leviers stratégiques pour agir en faveur d’une énergie décarbonée et d’une consommation plus durable.


Comment peut-on agir face à ces enjeux ? Est ce que l’Enseignement peut y prendre part ?

Pour mobiliser les jeunes à choisir ces domaines d’expertise, nous devons les sensibiliser sur les besoins d’innovation de l’électronique.

Ce n’est pas toujours facile : ils croisent des produits électroniques de grande consommation dans les supermarchés, et ils n’ont pas conscience des défis technologiques stratégiques qui sont à relever pour l’avenir, comme le développement des avions tout électriques, hydrogène, zéro émission.

Je crois que nous pouvons agir en déployant encore davantage de partenariats entre les écoles et les entreprises. L’apprentissage est également un format motivant pour les étudiants, cela leur permet de se projeter sur l’avenir.

A l’ENSEEIHT nous avons développé plusieurs Masters en anglais. Le Master ESECA grâce à une équipe pédagogique de haut niveau forme des cadres spécialiste de la conception des systèmes électroniques pour l’embarqué. Cela nous permet ainsi d‘attirer des étudiants internationaux. Ils viennent de Chine, d’Inde, d’Amérique Latine. Un grand nombre d’entre eux reste ensuite en France pour une thèse de Doctorat ou trouvent un poste en entreprise car le marché est très porteur.

C’est d’ailleurs intéressant de constater qu’il y a une proportion beaucoup plus importante de femmes, venant de l’étranger qui rejoignent ces programmes d’expertise technique. La vision sur ces métiers est vue différemment par les filles dans certains pays.

Je pense qu’il est nécessaire d’attirer les filles dans nos métiers. C’est d’ailleurs dans cet objectif que l’INP-ENSEEIHT organise chaque année les journées « Women7 », invitant ainsi des collégiennes et des lycéennes afin de leur faire découvrir un métier tout à fait adapté aux femmes et les motiver ainsi à nous rejoindre.

Auriez vous un (très) bon souvenir professionnel à partager ?

Je prends énormément de plaisir lorsque j’anime des formations aux entreprises, parce que les participants mettront en oeuvre ce qu’ils apprennent dès le lendemain au bureau. C’est très concret.

J’ai un excellent souvenir d’une formation organisée au CEA Gramat, pour un groupe de mécaniciens et de personnels venant de CAP, et qui avaient besoin de comparer les comportements de leurs systèmes. Évidemment cela a été un gros travail de préparation et d’ajustement des contenus, car les méthodes pédagogiques sont très différentes. J’ai adoré cette expérience !

A mi-chemin entre le professionnel et le personnel, ma mission dans les relations internationales à l’école m’a permis de développer des liens professionnels et même amicaux en Amérique Latine et ailleurs dans le monde. Je partirai à la retraite l’année prochaine et je ferai en sorte de garder le contact en allant passer plus de temps là-bas.


Merci beaucoup Danielle pour votre temps et votre chaleureuse sympathie !

Si des étudiant/e.s ou des entreprises souhaitent échanger avec vous, comment peuvent-ils vous contacter ?

Je suis facilement joignable via la messagerie personnelle sur LinkedIn. Ma page personnelle est ici : https://www.linkedin.com/in/danielle-andreu-33190a11/

Interview témoignage réalisée avec l’aide de Nadege Bonnisset, chargée de communication pour Artedas France.